A Sanofi la direction s’attaque aux grévistes et aux syndicalistes

En décembre 2022 un mouvement de grève parti de la base et rejoint par les syndicats a touché de nombreux sites de Sanofi. Les revendications n’avaient rien d’extraordinaire puisque les salarié·e·s demandaient seulement que les augmentations de salaire soient à hauteur de l’inflation. Tout cela s’inscrit dans un contexte de réduction continue des effectifs et d’augmentation des salaires très limitées ces dernières années. Dans le même temps la bonne santé financière de l’entreprise ne se dément pas avec par exemple 4 milliards d’euros de dividendes versés aux actionnaires en 2021.

Le site de Montpellier n’a pas fait exception puisque pendant trois semaines ce sont plusieurs dizaines de salarié·e·s qui ont participé au mouvement. Ici aussi c’est la base qui a pris l’initiative, représentée notamment par les plus petits salaires de l’entreprise. Les syndicats se sont naturellement impliqués auprès de ces salariés dont certains faisaient grève pour la première fois.

Au final l’annonce par la direction de l’arrêt des négociations et la signature d’un accord par des syndicats majoritaires mettront un terme à ce mouvement. Les avancées obtenues ne sont pas nulles mais elles restent loin de ce qui était demandé.

Aujourd’hui, non contente de n’avoir accordé à ses salarié·e·s que le strict minimum, la direction de Sanofi se lance dans la répression de celles et ceux qui ont participé au mouvement. C’est ainsi que concernant le site de Montpellier quinze salarié·e·s parmi les grévistes ont reçu des lettres de « recadrage ». Dans le même temps, deux déléguées syndicales de Sud-Chimie, Sandrine Caristan et Marion Layssac, ont été destinataires de convocations à une entretien préalable, la direction leur précisant qu’elle envisageait « de prononcer à [leur] encontre une sanction disciplinaire pour des faits constitutifs d’une faute lourde ». Il leur est reproché le blocage du site lors de la tenue du piquet de grève. Ceci est contesté par les intéressées puisque les salarié·e·s en grève n’étaient présent·e·s que devant une des quatre entrées du site.

La direction dispose maintenant d’un délai allant de quarante-huit heures à un mois pour leur signifier la sanction qui sera retenue, celle-ci pouvant aller jusqu’au licenciement. Cette éventualité pourrait paraître extrême et peu probable si l’actualité récente n’avait pas montré que la direction va parfois très loin en matière de répression syndicale. En effet, des syndicalistes CGT du site du Trait en Normandie ont reçu une lettre de licenciement suite au mouvement de décembre. Ils ne doivent qu’à leur statut d’élus d’être toujours en poste à ce jour puisque l’inspection du travail doit valider la procédure et dispose de deux mois pour mener une enquête contradictoire.

En soutien aux deux déléguées Sud-Chimie de Montpellier ainsi qu’aux autres salarié·e·s visé·e·s par la répression de la direction, un rassemblement était organisé ce jeudi 2 février à l’entrée du site. Une centaine de personnes était présente parmi lesquelles des représentant·e·s de syndicats ou de partis politiques, mais aussi des proches venus manifester leur sympathie. Sylvain Carrière, député LFI de la 8ème circonscription de l’Hérault était notamment sur place.

Ces attaques de la direction de Sanofi remettent clairement en cause la liberté d’expression syndicale et plus largement le droit de grève. Nous les condamnons fermement et nous exprimons notre soutien aux personnes visées. Nous restons attentifs à la suite et nous partagerons ici d’éventuels appels à la mobilisation sur ce sujet.

Sébastien Layssac

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