Faire échec à la bataille des idées orchestrée par Ménard

Mercredi 10 juin nous étions quelques militant-e-s d’Ensemble et du contre-journal « En-vie à Béziers » rassemblés devant le Palais des Congrès de Béziers où se tenait la énième conférence fascistoïde organisée par la municipalité. Il s’agissait d’interpeller la population au travers de panneaux dénonçant la propagande ménardienne payée avec l’argent des contribuables.



Faire échec à la bataille des idées orchestrée par Ménard

 

Mercredi 10 juin nous étions
quelques militant-e-s d’Ensemble et du contre-journal « En-vie à Béziers » rassemblé-e-s
devant le Palais des Congrès de Béziers où se tenait la énième conférence
fascistoïde organisée par la municipalité. Il s’agissait d’interpeller la
population au travers de panneaux dénonçant la propagande ménardienne payée
avec l’argent des contribuables.

affiche_lugan.jpgDans la série « Béziers libère la parole » (entendez
d’extrême-droite), la mairie invitait ce soir-là Bernard Lugan, ancien de l’Action
Française et apologiste du colonialisme, sur le thème « l’Islam et l’Afrique », auteur d’un
livre « Osons dire la vérité à l’Afrique ».
Comme si un continent tout entier, plongé dans l’obscurité, n’attendait plus
que la parole de nos courageux fachos hexagonaux pour que la lumière lui soit révélée.
 Pompeux et infantilisant pour tout
dire… Mais cohérent avec la vision héritée de la colonisation que Robert Ménard
essaie de réhabiliter.

Cette conférence, qui est la dernière
en date d’un cycle commencé avec Eric Zemmour, est l’occasion de revenir sur la
stratégie de Ménard à Béziers et sur la nécessité d’organiser la riposte.

 


Zemmour, De Villiers… Lugan

 

zemmour_a_beziers.jpgAprès avoir invité Eric Zemmour, pourfendeur
de l’émancipation des femmes et réhabiliteur du régime de Pétain, Philippe De
Villiers, qu’un peu on aurait oublié, un certain Bugier, magistrat présenté
comme « l’anti-Taubira » (c’est-à-dire
opposé au mariage pour tous-tes et à une conception alternative au tout répressif
en matière pénale) et quelques autres 

B_ziers-lib_re-la-parole-conf__rence-philippe-de-villiers.png

« grands progressistes », le maire de Béziers poursuit sa
politique de diffusion des idées nauséabondes, portée par une vision xénophobe et
inégalitaire de la société, au service d’un projet politique autoritaire et discriminatoire.

 


La bataille des idées au cœur de la stratégie de Ménard

 

Comme pour le FN, dont il est un
des porte-étendard quoi qu’il en dise, le combat des idées est au cœur de sa
stratégie de conquête de « l’hégémonie culturelle » (c’est-à-dire pour
influencer les visions du monde, les sensibilités, imposer des « valeurs »…).
Elle s’exerce aussi bien au plan du contenu du discours par l’imposition de thématiques,
qu’au plan de sa propagation médiatique. A Béziers, elle est portée à un niveau
important grâce à la mobilisation du budget communication, lequel a augmenté de
167%, pour atteindre 518 000€ (alors qu’en même temps des subventions aux
associations de quartier sont supprimées).

a-beziers-soucieux-de-liberer-la-parole-robert-menard-invite-eric-zemmour-en-grande-pompe.jpgAffiches énormes et en grand
nombre placardées dans toute la ville, conférences au Palais des Congrès,
journal municipal aussi nauséeux dans son contenu que tape-à-l’œil dans sa forme (ici)…
Prises de positions au contenu idéologique marqué : interdiction du linge
aux fenêtres (ici), de la viande hallal dans les écoles, alors même qu’il n’en a
jamais été question, armement de la police municipale portée par une publicité ostensible,
messe lors des corridas. Mais aussi annonce de la suppression des aides
sociales de la Ville pourles auteurs « d’incivilité » (un 

police_municipale_armee.jpg

terme flou) supposant (là encore !) la
création de fichiers nominatifs, comme pour l’affaire du recensement des élèves
portant des noms « à consonance
musulmane
 » dans les écoles de la Ville (ici). Et last but not least, réécriture de l’Histoire par la réhabilitation
de la France coloniale et de ses « héros » (rue Elie Denoix de
Saint-Marc) .

Nous assistons ainsi à Béziers à
une saturation d’annonces de la part de Ménard, dont le but est tout autant de
faire parler de lui que de banaliser les idées extrême-droitiste… en misant sur
les divisions entre les populations et en créant un climat délétère sur la
ville.

 

Béziers laboratoire de l’extrême-droite

 

Plus spécifiquement l’objectif de
Ménard, est de rassembler les différentes familles de l’extrême-droite (FN,
ligue du midi, identitaires, ex-OAS, catholiques fondamentalistes) et, grâce à
la force de frappe que lui permet la gestion de Béziers (moyens budgétaires, logistiques
et médiatiques), de mobiliser l’opinion sur une la base du spectre large des thématiques
de ces mouvances, locales ou nationales.

Il s’agit ainsi de flatter les
franges les plus réactionnaires de la population dans la région en les brossant
dans le sens du poil : les rapatriés
n’ayant pas digéré la perte de l’Algérie, le vieil électorat du FN composé de petits
patrons, commerçants et artisans..
. (voir ici sur le vote FN dans la région)

Il s’agit aussi de fidéliser, et accroître
un électorat plus ou moins récent, issus des classes populaires, dégoûtés par les
partis dits traditionnels et de plus en plus sensibles aux thèses du FN, en
attisant les peurs par la désignation de bouc-émissaires aux maux de la société
(comme toujours), et en dénonçant le « système » (« l’UMPS »
mais aussi en vrac la mondialisation, l’Europe.. n’hésitant pas à singer les
discours de la gauche radicale).

 

Organiser la riposte

 

manif_9_mai.jpgAprès un temps de sidération (et
de réflexion sur les réponses à avoir) suite à la victoire de Ménard à Béziers,
la riposte est désormais engagée. Bien que peinant à mobiliser encore au-delà
des secteurs militants (à l’exception des manifestations contre le fichage des
enfants), de nombreux collectifs et contre-initiatives se mettent en place
depuis plusieurs mois, rassemblant des forces associatives, syndicales,
politiques ainsi que des citoyen-ne-s manif_m._beziers.jpgindigné-e-s. Citons en quelques-uns :

       le RCSB
regroupant très largement des associations ou collectifs agissant dans des
domaines divers (contre-journal, LDH, Osez le féminisme, Cimade, ABCR,
Immeuble associatif…) dont le but est de contrer la propagande officielle par
un travail d’éducation populaire (par exemple conférence sur l’OAS qui a
rassemblé 130 personnes le 21 mai).

Beziers14mars15n01.jpg       La
manifestation contre la débaptisation de la rue du 19 mars 1962, à l’initiative
des associations de victimes de l’OAS et de rapatriés progressistes, auquel la
plupart des organisations démocratiques et de gauche se sont joint.




       le contre-journal
« En-vie à Béziers », contre-poids au journal municipal dont les
militants d’Ensemble sont partie prenante.

       La marche
appelée par les associations de musulmans le 8 mai pour dénoncer les
statistiques ethniques et religieuses qui a rassemblée un millier de personnes.

       Le
rassemblement initié par la FCPE et soutenu par les organisations militantes
sur le même thème devant la statue d’une autre personnalité biterroise… Jean
Moulin, qui a mobilisé 400 personnes le 9 mai.

       Le projet
de forum de la démocratie visant la réappropriation par les citoyen-ne-s
biterrois-es des choix politiques pour leur ville, proposant la mise en place
de comités citoyens décisionnels et des référendums sur des questions majeures
comme le mode de gestion de l’eau avec le collectif CARPE.

       Et puis
les actions toujours de l’ABCR contre le racisme et de la Cimade en solidarité
avec les immigrés…

 

L’enjeu est bien de ne pas laisser
Ménard et sa clique faire de Béziers un laboratoire politique d’extrême-droite.
La contre-offensive engagée doit désormais être consolidée et développée, à
travers une convergence des luttes multiforme, l’unité des organisations
militantes et des citoyen-ne-s. Des luttes articulant des actions en
riposte aux provocations de Ménard, et actions pédagogiques déconstruisant le discours
et la stratégie de l’extrême-droite. Par exemple en mettant en lumière les
contre-vérités qu’elle diffuse. Mais l’enjeu plus important encore est bien de
lui couper l’herbe sous les pieds, tant elle se nourrit du chômage et de la précarité,
de la régression des libertés, des atteintes au vivre ensemble. Cela passe par
la popularisation d’une autre perspective que celle de l’austérité ou du FN,
porteuse d’une alternative sociale, écologiste et démocratique.

 

Romain F.

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