Total a obtenu le 28 janvier 2016 l’abrogation de l’annulation du permis d’explorer sur la zone dîte de Montélimar. Une manifestation est prévue à Barjac (Gard) le 28 février (voir ici) Ci-dessous, un article initialement paru sur notre site en 2012 sur l’offensive des pétroliers dans notre région malgré l’interdiction officielle.
Gaz de schiste : les pétroliers à l’offensive dans la région !
« Plus d’exploration ni d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels durant mon quinquennat ! » F. Hollande, discours d’ouverture de la Conférence Environnementale.
Dans les faits, si 7 demandes de permis ont été refusées, 95 sont en cours de validité. De plus des signes inquiétants sont envoyés en contradiction avec la promesse du chef de l’état. Les sondages par ondes acoustiques sous prétexte de forages futurs pour trouver du pétrole continuent bizarrement dans les zones contenant du gaz de schiste.
C’est à se demander, à juste titre, si actuellement en France larecherche de gaz de schiste est réellement interdite. (Ce gaz naturel est contenu dans des profondes roches sédimentaires. Pour exploiter cette énergie fossile et non-renouvelable, il faut recourir à la technique dite de “fracturation hydraulique”. D’énormes quantités d’eau et de produits chimiques sont injectées à très haute pression afin de fracturer la roche et d’extraire le gaz.)
La vigilance s’impose car dans un pays où gaz et pétroles sont difficiles d’accès, où se situe la frontière entre fossiles conventionnels et non conventionnels ? Mediapart (Voir La bataille autour du gaz de schiste reprend dans le bassin d’Alès) dénonce l’affaire à partir de documents techniques inquiétants. Dans notre région, comme ailleurs en France, des camions sismiques doivent entrer en action. Celà très prochainement sur le bassin d’Alès pour sonder la nature du sous-sol.
Les défenseurs de l’exploitation des gaz de schistes ne baissent pas les bras : le président de l’Union française des industries du pétrole (UIFP), J. L. Schilansky, persiste et signe et dans le même temps L. Parisot du MEDEF et 18 autres personnalités ont publié un communiqué afin de rouvrir le débat.
Mais ils nient volontairement l’évidence :
Toutes les expériences (cf. Pennsylvanie et Québec qui vient d’annoncer un moratoire sur les gaz de schiste) et tous les rapports montrent, qu’avec l’exploitation du gaz de schiste, on prend le risque de retrouver dans l’eau des produits cancérigènes, mutagènes ou neurotoxiques de par la pollution des nappes phréatiques.
Mais s’ils font fi des dangers pour la santé et les dégâts pour l’environnement, c’est que « ce qui compte pour eux, ce sont les futurs profits qu’ils espèrent engranger. »
Ils essayent de se justifier en s’appuyant sur des travaux montrant qu’il existe d’autres méthodes que la fracturation hydraulique.
Dans une interview accordée à Midi libre, l’hydrogéologue montpelliérain Séverin Pistre explique : « Beaucoup de géologues et leurs labos travaillent en collaboration avec Total ou GDF, qui financent leurs travaux… ».
D’où parfois leur silence éloquent.
Dans cet article Séverin Pistre ne cache pas son inquiétude : il estime que l’imperméabilité des forages n’est pas garantie, que les nappes d’eau pourraient être impactées quelques mois et quelques années plus tard. Il s’interroge aussi sur “le devenir des boues radioactives“.
Car depuis 2 000 ou 3 000 mètres de profondeur, on remonte quantité de radionucléides et de métaux lourds, présents naturellement dans le sous-sol. Il cite l’exemple de Lodève et Saint-Affrique où on exploitait l’uranium. Ou encore de l’ancienne mine de Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, près d’Anduze, et son stock d’arsenic à ciel ouvert.
L’hydrogéologue nous alerte sur les exploitations potentielles d’hydrocarbures dans le sous-sol karstique languedocien. “Notre région a été pressurée entre les Pyrénées et les Alpes, avec un réseau karstique de failles très intense. L’essentiel de nos ressources vient de ses roches-là, comme la source du Lez, avec 400 000 personnes alimentées en eau potable.“
D’ailleurs, la population ne s’y trompe pas. D’après les sondages, 72% des personnes se prononcent contre le gaz de schiste. Dans la région l’eau y est rare. Il y a des sources. C’est l’eau qu’on boit. La population se mobilise.
« NO GAZARAN ! » N’inschistez pas !
Pour preuve, pas moins de 3 000 manifestants munis de pancartes éloquentes se sont rassemblés à Saint-Christol-lez-Alès le 22 septembre pour dénoncer les dangers des recherches pétrolières, autour de stands d’information, de forums, de témoignages… (voir ici)
En effet, seulement 4 jours après l’allocution du président de la République, la préfecture du Gard a convoqué 9 maires du département afin de les informer de l’ouverture de travaux de recherche de pétrole par la société suisse MouvOil, détentrice depuis 2010 du permis exclusif de recherches du « bassin dʼAlès), à cheval sur le Gard et l’Ardèche. Le pétrolier souhaitant débuter en octobre une campagne de recherche « sismique » afin de sonder par ondes acoustiques la nature du sous-sol, avant de lancer son premier forage d’exploration a besoin de l’autorisation des communes pour envoyer ses camions vibreurs. Ils se sont heurtés à un refus unanime des maires en question, soutenus par la population.
Selon la préfecture du Gard, il ne s’agirait pas de gaz de schiste, mais de recherche pétrolifère, MouvOil assurant que « les méthodes d’exploration envisagées sont strictement conventionnelles et qu’il n’est pas question d’utiliser de procédé de fracturation hydraulique ».
Mais pour Joël Jolivet, maire de Tharaux, et hydrogéologue au CNRS (interrogé par Mediapart) : « Il y a du gaz sous ce gisement, qui peut être de schiste, et il y a du gaz de charbon. Compte tenu de la nature de la roche du bassin dʼAlès et de la structure du réservoir de roche mère, on peut y trouver des gisements non conventionnels dʼhydrocarbures gazeux et liquides. MouvOil dit ne trouver des gisements non conventionnels dʼhydrocarbures gazeux et liquides et ne pas chercher de gaz de schiste, mais cʼest une question de sémantique, sʼils veulent faire un forage conventionnel, ils nʼont pas besoin de connaître de façon aussi précise la nature du terrain avec leur acquisition sismique. Ils pourraient se contenter dʼun simple carrotage. »
La bataille du bassin d’Alès n’est pas un cas isolé. 15 autres permis, qui visent 23 départements au total, sont aussi concernés.
La fracturation hydraulique est interdite d’après l’allocution présidentielle, certains ne s’inquiètent donc pas.
Mais que feront pétroliers et responsables politiques le jour où ils découvriront « par hasard » des gaz et des huiles de schiste ?
Ensemble!, a soutenu la journée de mobilisation nationale du 22 septembre et les manifestations de Saint-Christol-les-Alès (30), Beaumont-de-Lomagne (82) et Tournan-en-Brie (77) contre les dangers liés à l’exploitation du gaz et des huiles de schiste et appelle à maintenir la mobilisation, qui avait commencé sous la présidence de Sarkozy, contraignant le gouvernement Fillon à des reculs, afin que le débat sur l’exploitation du gaz et des huiles de schiste ne revienne pas sur le tapis à la première occasion.
Ensemble! appelle de plus à une véritable recherche sur les technologies alternatives et à engager la transition énergétique pour sortir du nucléaire et des énergies fossiles.
Christine Pujol, militante à Ensemble ! 34, avec comme sources : Mediapart.fr 21 septembre 2012 (Jade Lindgaard) – Midi Libre (Arnaud Boucomont)