Le 8 mars, vive la grève féministe ! Pourquoi on arrête toutes et tous ?

Le 8 mars est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Pas la journée de LA Femme,  idéale, fantasmée ou chosifiée, mais des femmes réelles, multiples et partout opprimées. Elle puise ses racines dans les luttes ouvrières du début du XXe siècle, puisque c’est Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï, socialistes allemande et russe, qui la proposent  en 1910  à l’Internationale des femmes socialistes, suite à de grandes grèves  et manifestations d’ouvrières aux Etats-Unis. La première a lieu en 1911. Depuis, le 8 mars est devenu partout cette journée de revendication et de luttes des femmes.

Un 8 mars au cœur de la bataille des retraites

Cette année, en France, ce 8 mars revêt une importance toute particulière. Il est placé au cœur de la bataille contre la réforme des retraites. 60% des économies attendues par le gouvernement avec cette réforme se feront sur le dos des femmes ! [1]

On aurait pu rêver d’un appel de l’Intersyndicale à la grève féministe le 8 mars, puisque les femmes sont les grandes perdantes de cette réforme. Il faudra nous contenter de nous « saisir » de cette journée, à la suite de la grève du 7 mars. Alors saisissons-là, empoignons-la et faisons-en une démonstration de force contre le gouvernement et les sexistes de tous poils.

En effet, les femmes sont en première ligne dans cette régression sociale d’ampleur qu’est le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Avec des salaires plus faibles (-26% par rapport à ceux des hommes), nous sommes majoritaires dans des emplois socialement utiles mais dévalorisés (soin, santé, aide à la personne, caissière, éducation …) , nous avons des carrières plus courtes et des temps partiels souvent imposés. Les métiers des femmes ne sont jamais pris en compte dans les critères de pénibilités, déjà drastiquement réduit par Macron et le Medef. Pourtant, une ATSEM ou une aide-soignante aussi portent des charges lourdes ! Pour toutes ces raisons, les pensions des femmes sont en moyenne de 40% inférieures à celles des hommes.  ll y a donc toujours plus exploité et plus précarisé qu’un travailleur retraité : sa femme !

Un 8 mars très politique, dans un contexte de « backlash »

Selon le rapport 2023 du haut conseil à l’égalité entre hommes et femmes sur l’état du sexisme en France le sexisme ne recule pas : il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent [2]. « Principal enseignement : en dépit d’une sensibilité toujours plus grande aux inégalités depuis Me too, les clichés et les stéréotypes sexistes perdurent. L’opinion est paradoxale : elle reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, majoritairement chez les hommes. La persistance du sexisme dit « ordinaire » est d’autant plus préoccupante qu’elle peut conduire aux manifestations les plus violentes. Parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et tous âges confondus 40% trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. En ce qui concerne les femmes, 80% estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis ».

Il est donc d’autant plus important de poursuivre le rapport de force et de défendre nos revendications (Voir textes d’appel national et local)[3]

  • Pour la défense du droit à l’avortement, qui doit être effectif sur l’ensemble du territoire
  • contre les violences sexistes et sexuelles,
  • Pour la liberté de vivre nos vies, nos choix et notre sexualité, pour l’accès à la transition
  • Pour la solidarité avec les femmes sans-papiers qui doivent être régularisées
  • Pour la solidarité internationale envers nos sœurs afghanes, iraniennes ou kurdes, et partout où les droits des femmes sont attaqués

Le 8 mars 2020 était la dernière grosse manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites Macron 1 pour cause de Covid. Faisons du 8 mars 2023 la manif de la victoire contre cette réforme Macron 2 !

Le 8 mars, on arrête toutes! On ne s’occupe pas des enfants, on ne fait pas à manger, on débraye ou on ne travaille pas du tout, on se rassemble, on débat et on manifeste !

Le 8 mars, c’est la grève féministe et contre la réforme des retraites, tout le monde est concerné !

Delphine Petit


[1]  https://blogs.alternatives-economiques.fr/zemmour/2023/01/27/comment-et-pourquoi-le-decalage-de-l-age-touche-davantage-les-femmes-dans-la-reforme-des-retraites

[2] https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/actualites/

[3] https://resistons.net/evenements/greve-feministe/?occurrence=2023-03-08

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