Montpellier. Les universités recalées à l’excellence sarkozyenne !

A en croire les médias et quelques universitaires surfant sur l’air du
temps de la modernité à la mode gouvernance (1), ce totem cher aux libéraux
de droite comme de gauche, c’est un véritable fiasco qu’ont
connu les universités montpelliéraines quand leur candidature à l’Idex
(Initiative d’excellence) a été recalée par le jury international ad hoc
(2). [communiqué du NPA 34]

24 novembre : LRU : les finances des facs à la rue (Libération)

La grande majorité des universités françaises sont aujourd’hui
autonomes. C’est un sujet de fierté pour l’UMP qui compte en faire un
argument de campagne : avec la loi LRU (sur l’autonomie), les
universités se sont réveillées, devenant dynamiques, ambitieuses… Le
problème est que huit d’entre elles sont en déficit pour la seconde
année consécutive. Et que plusieurs autres se demandent comment elles
vont boucler leur budget 2012. Voir Huit universités dans le rouge et c’est la pagaille (Libération)

A en croire les médias et quelques universitaires surfant sur l’air du
temps de la modernité à la mode gouvernance (1), ce totem cher aux libéraux
de droite comme de gauche, c’est un véritable fiasco qu’ont connu les universités montpelliéraines quand leur candidature à l’Idex
(Initiative d’excellence) a été recalée par le jury international ad hoc
(2).
Tout à leur approche
dépolitisée et, au fond, techniciste et technocratique des réformes
entreprises par le gouvernement à travers les Idex et le plan Campus sur fond de mise en place de la LRU,
certains en oublient que “les paradigmes qui les sous-tendent sont ceux
qui inspiraient les politiques de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Le
new public management découle des mêmes sources que les théories néolibérales.” 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : soutenir les Idex c’est entériner le financement de quelques pôles d’excellence et accepter la désertification/marginalisation universitaire du reste du pays qu’ils induisent, c’est en conséquence accepter de voir aggraver les conditions de vie et d’études déjà plus que malmenées de milliers d’étudiants, c’est ainsi participer d’une sélection portée à incandescence, c’est se soumettre à la subordination des études universitaires et de la recherche aux critères de compétition, entre autres financière, entre enseignants et centres d’enseignement, c’est en somme se subordonner au capitalisme sarkozyen comme hier on se serait subordonné au reaganisme et au thachérisme. Voilà ce que, pour l’essentiel, rappelle, à sa façon salutaire, l’appel que vient de publier Libération “Non à l’université managériale !”, à l’initiative de personnalités de l’Appel des appels, texte que nous reproduisons ci-dessous. Ce texte déduit de son analyse de l’agression que subit l’université la nécessité d’organiser une résistance active des personnels et des étudiants qui, bien évidemment, ne passe pas par une tentative désespérée de réintégrer le projet d’Idex.

(1) “Le joli mot de “gouvernance” n’est qu’un euphémisme pour désigner une forme dure de
domination politique” (Jurgen Habermas, philosophe allemand)

(2) Idex : la candidature de Montpellier écartée / Université : les avis du jury qui a plombé la candidature de la ville / Pas d’université d’excellence, autopsie d’un fiasco et réactions

…………………………….

Non à l’université managériale !

Par des personnalités du mouvement «L’appel des appels»

Il devient chaque jour plus évident que la
mise en place des réformes récentes au sein de l’université, de
l’Education nationale et des organismes de recherche heurte de front les
valeurs qui nous animent et nos missions premières : produire de la
connaissance et partager le savoir.

Les paradigmes qui les sous-tendent sont ceux qui inspiraient les politiques de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Le new public management découle
des mêmes sources que les théories néolibérales. Conçu dans les
multinationales, il a servi à «moderniser» les institutions et les
entreprises publiques. Les réformes actuelles mettent en œuvre les mêmes
principes : la rentabilité plutôt que l’intérêt général, la compétition
plutôt que la coopération, la concurrence plutôt que la solidarité,
l’utilité productiviste plutôt que l’amélioration du bien-être
collectif.

La recherche de la haute performance devient le critère ultime pour
exister. Cette conception utilitariste de l’excellence produit
l’exclusion et intensifie la lutte des places dans tous les secteurs. Le
management par projet nous conduit à passer plus de temps à chercher
les moyens de travailler qu’à travailler vraiment. Il affecte les
ressources à des projets incertains en les réduisant d’autant pour nos
activités d’enseignement et de recherche.

L’évaluation prescriptive et quantitative pervertit les fondements
mêmes de la recherche, basés sur la discussion publique, l’argumentation
et la controverse. L’idéologie des ressources humaines instrumentalise
l’humain pour le soumettre à des critères de productivité immédiate et
de rentabilité. La culture de l’urgence nous entraîne dans une course
permanente qui empêche de prendre le temps de la réflexion et de la
critique. Les exigences opérationnelles envahissent l’institution au
détriment de nos tâches premières. Les primes, les classements et la
segmentation des statuts cassent nos collectifs de travail, renforcent
le chacun pour soi, le découragement et la déception. La reconnaissance
n’est plus celle que confère le travail bien fait, mais dépend de
grilles et de critères d’évaluation importés de l’extérieur. Comme si
l’objectif de gagner des places au classement de Shanghai était l’alpha
et l’oméga de la nouvelle gouvernance universitaire.

Nous avons aimé notre université. Nous l’avons servie avec passion. A
présent, l’amour du métier se délite, nous assistons à la montée du
découragement, du dépit et de la colère. L’institution ne cherche plus à
nous donner les moyens d’assurer notre mission, elle nous délivre des
injonctions contradictoires en multipliant les projets, les évaluations,
les appels d’offres, les réorganisations, qui n’améliorent en rien nos
conditions de travail, l’accueil des étudiants, le suivi de nos
recherches.

Si certains projets sont porteurs de nouvelles possibilités et
peuvent contribuer à une plus grande indépendance des chercheurs, nous
récusons les logiques évaluatrices de l’Agence d’évaluation de la
recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), des Agences nationales
de la recherche (ANR) et autres pôles d’excellence (Pres). Nous
refusons une politique destinée à classer les établissements, les
laboratoires, les chercheurs, les publications, les formations, et à
éliminer tout ce qui n’entre pas dans ses normes prescriptives. Nous
contestons une forme de gestion qui distille une philosophie contraire à
l’esprit de service public et aux valeurs qui fondent l’exercice de nos
métiers : l’imagination, la curiosité, le non-conformisme et la
coopération au service d’un monde commun.

Nous affirmons notre volonté de rebâtir une université de tous les
savoirs et pour tous les publics et notre souhait de nous mobiliser sur
le cœur de notre métier, l’enseignement et la recherche, plutôt que nous
engager dans une organisation qui nous oblige à investir dans
l’aléatoire. Nous vous invitons à rejoindre l’Appel des Appels et tous
les mouvements de résistance qui s’organisent dans les institutions de
la République confrontées à l’idéologie managériale et à la nouvelle
gestion publique.

Parmi les premiers signataires de la pétition :
Vincent de Gaulejac, université Paris-Diderot ; Roland Gori, université
d’Aix-Marseille ;Jean-Philippe Bouilloud, ESCP-EAP ; Marie-José Del
Volgo, université d’Aix-Marseille ; Christian Laval, université Paris-X
Nanterre ; Christine Delory-Momberger, université Paris-XIII Nord ;
Danièle Linhart, CNRS ; Florence Giust Desprairies, université
Paris-VII… La liste complète est disponible sur www.appeldesappels.org

Le texte sur le site de Libération

Pour éclairer les enjeux des Initiatives d’excellence après lesquelles courent certains universitaires et certains politiques on lira avec profit «Les formations universitaires au service des entreprises» (Sauvons l’Université!) de Sauvons l’Université dont nous recommandons par ailleursle site.

A lire aussi

Initiatives
d’excellence : 5 projets sélectionnés pour la deuxième vague de l’appel
à projets, Communiqué de L. Wauquiez, ministre de l’ESR, 7 novembre
2011

EQUIPEX, LABEX, IDEX : intrigues de cour, baronnies et têtes coupées – SNCS-Hebdo, 6 avril 2011

Un rapport RGPP qui prône le démantèlement du CNRS – Communiqué du SNTRS-CGT (3 novembre 2011)

Le PS face à l’Université : lettre ouverte de Sauvons l’université à Bertrand Monthubert

Enseignement supérieur. Communiqué des candidats du NPA aux cantonales

Idex,
Equipex, Labex, Grand Emprunt, Plan Campus…le tout mixé à la RGPP…
la recherche et l’enseignement universitaires sont passés à la
moulinette libérale !

Recherche. Les personnels refusent de passer à la moulinette (L’Hérault du Jour)

Montpellier
La réforme Sarkozy des universités entérinée par les trois présidences
montpelliéraines / La recherche subit de plein fouet les retombées de la
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Montpellier. Universités, ça y est, Bourquin fait son Frêche, il éructe et menace les universitaires de leur couper les vivres !

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Gauche écosocialiste 34
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