Vendargues. Les intolérables paradoxes du capitalisme : cadre promu, cadre licencié !

Vendargues. Un cadre ça se jette aussi !

Nous avons rencontré William Pinson à Vendargues. Son histoire est
édifiante.

Flash back : il est cadre commercial  depuis 1995  à Lyon,
dans une société familale de matériel incendie, qu’il a fortement
contribué à développer. Sa vie bascule quand le
groupe Atalian, leader européen du multiservices pour les entreprises
et collectivités locales  rachète la petite entreprise florissante.


Le groupe Atalian, qui fait 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires et compte
25 000 salariés, rachète  une flopée de petites entreprises
et évidemment restructure. La nouvelle filiale constituée, Sécurité,
Protection, feu
( SPF)  propose à William Pinson une mutation
à Lunel-Viel, siège social  de toute la zone Sud avec 324 salariés. 08_03_12_W_illiam_pinson.jpg


Il accepte ce qu’on lui  présente comme une “promotion.”  
Mais c’est pour mieux le licencier ensuite.


En effet quelques mois après la mutation le voilà convoqué par
ses supérieurs pour une “rupture conventionnelle” avec très
peu d’indemnités donc.  Il refuse et tout se gâte .

Il reçoit sa lettre de licenciement pour “cause réelle et grave” (sic)
car il n’a pas réalisé les objectifs assignés, bien entendu irréalisables.


William Pinson n’est pas le seul, tous les autre cadres ou directeurs
de région, une dizaine,  sont licenciés.  En fait il s’agit
pour la filiale SPF du groupe Atalian de se débarrasser de cadres expérimentés
mais trop coûteux.

Et toutes les méthodes sont utilisées, harcèlement moral, non paiement
de salaires dûs. Beaucoup craquent, William Pinson fait une dépression,
Sébastien Alibert, un autre cadre dans la même situation, est au bord
du suicide… Par un courrier de juillet 2010 l’inspection du travail
constate « de grandes pressions conduisant indubitablement
à une grande souffrance au travail »

Mais ils se battent  devant la justice prudhommale . Ils gagnent
en référé mais doivent faire appel à nouveau aux tribunaux pour 
obtenir leurs indemnités car l’entreprise fait traîner, a changé
de nom, de siège social…


William Pinson et tous les autres licenciés sont décidés à se
battre jusqu’au bout  pour faire valoir leurs droits.


Que démontrent ces faits ? Comme les salariés de base, les
cadres sont aujourd’hui de plus en plus victimes de méthodes destructrices
de vies. La multiplication des suicides mettant directement en cause
le harcèlement au travail, les pressions incessantes, les licenciements
abusifs alors que les entreprises font du profit, montrent que le capitalisme, avec son obsession d’un profit  toujours plus important, est une
impasse pour l’humanité.


Il faudra bien en sortir !


JC Carcenac et Claude Dubois (NPA 34)

 

 Article extrait de Tout est à nous (l’hebdo du NPA) n° 138

08_03_12_Atalian_-lunel-viel.jpg

Comment la SPF (groupe Atalian) se débarrasse
de ses salariés, un exemple dans le Rhône.


Atalian (ex-TFN) est le groupe qui monte dans
les services aux entreprises, à force d’acheter une par une les boîtes
de maintenance, sécurité, nettoyage, etc. Devenu leader européen
dans le multiservice avec un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros,
son président F. Julien a été médaillé par l’Assemblée nationale
pour sa « stratégie d’entreprise » en 2009. Mais qu’en est-il
pour les salariés ? Le sort de ceux de la Société nationale de protection
incendie (SNPSI), vendue à la branche SPF (sécurité protection feu)
d’Atalian.SI en 2009, en donne une idée…

À l’agence de Meyzieu dans le Rhône, spécialisée dans la vente
et la maintenance des extincteurs, une convention collective désavantageuse
a d’abord été imposée aux VRP. En toute illégalité puisque ce
changement ne peut se faire qu’après un délai de quinze mois. Puis
un nouveau contrat de travail vise à les faire passer sur le statut
de technico-commerciaux, ce qui permet de leur sucrer l’indemnité
liée à leur clientèle, en cas de licenciement.

Ceux qui acceptent se voient alors proposer une « évolution »,
qui les oblige pour certains à déménager dans un autre département,
mais c’est pour se retrouver quelques mois plus tard avec des objectifs
irréalisables, et donc licenciés !


Les autres se voient infliger des retenues de milliers d’euros sur
leur salaire.


Dans un courrier de juillet 2010, l’inspection du travail constate « de grandes pressions conduisant indubitablement à une grande souffrance
au travail »
, des « menaces de licenciement », le fait de « convoquer régulièrement le même salarié
pour des entretiens préalables en vue de licenciement,
[qui] pouvait être constitutif de harcèlement moral
à l’égard de celui-ci et de toutes façons provoquer chez ce salarié
un stress important »
. Certains employés sont tellement désespérés
par ce traitement qu’ils demandent aux prud’hommes la résolution
judiciaire de leur contrat !


Ainsi, un par un depuis 2010, huit salariés sur les treize de Meyzieu
ont été licenciés, dont six pour faute grave, donc sans indemnités
! Non seulement ces personnes ont perdu leur emploi, et pour certaines,
pour longtemps car elles étaient soumises à des clauses de non-concurrence
de deux ans, mais elles sont cassées par cette maltraitance, effondrées
et en pleine déprime…

Pour elles, il ne restait que le recours judiciaire :
la plupart ont agi en justice, gagné en référé, mais n’ont (toujours)
pas reçu de chèque (l’entreprise fait traîner, a changé de nom,
de siège social…) ; les salariés ont dû faire intervenir un huissier
et engager une nouvelle procédure devant le tribunal de commerce qui
a condamné la société…


L’un des cadres concernés dénonce la stratégie à l’oeuvre
: « ils licencient gratuitement et réembauchent
à moindre coût »
. Cette manoeuvre, courante dans les restructurations
des secteurs où les salariés ne sont pas organisés, est à dénoncer,
à combattre et à interdire !


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